Les liens. Ils sont d’une importance vitale. Nous sommes liés à nos proches, à nos amis, à nos collègues, à nos connaissances, à certains lieux, et même à des personnes que nous connaissons à peine, comme le barista du café du coin. Depuis que la pandémie s’est affirmée et qu’on nous a dit de rester chez nous, la manière dont nous tissons des liens a été difficile, voire impossible.
Un lien est communément défini comme relation dans le cadre de laquelle une personne, une chose, ou une idée est reliée ou associée à une autre chose. Nous avons tous un exemple à donner d’un lien que nous avons perdu avec des choses ou des personnes que nous estimons. Dans quelques circonstances, même si la fréquence d’un lien n’avait pas changé, le simple fait de savoir que nous ne pouvions pas entretenir un lien avec une personne ou un lieu comme nous en avions l’habitude a suscité un sentiment de confusion, d’isolement et de peine.
Pour moi, ce fut la perte du lien avec ma mère. Ma mère vit avec ma sœur aînée à Edmonton. Même si nous ne nous parlions pas souvent au téléphone, je lui rendais visite au moins une à deux fois par an. C’était notre occasion à nous deux de bavarder, de savourer nos mets préférés, et de simplement jouir de la présence de l’un de l’autre. Le simple fait d’être assis à ses côtés sur le divan pour regarder les nouvelles à la télé pendant que je lui tenais la main, sans parler un mot, en disait long sur la force de notre relation. Il s’agissait d’un lien qui lui affirmait qu’elle était importante à mes yeux.
Vous pouvez donc vous imaginer la tristesse que nous avons ressentie lorsque les déplacements non essentiels en avion ont été jugés peu sécuritaires. Selon la nomenclature de la pandémie, visiter ma mère n’était pas « essentiel ». Imaginez-vous ce qu’elle en a pensé, à 89 ans. Ces visites en personne étaient, à nos yeux, cruciales pour notre bien-être mental et émotionnel! Je sais que j’ai partagé ce sentiment avec beaucoup d’autres personnes qui ne pouvaient pas voir leurs proches ou entretenir des rapports avec eux de la façon qu’elles voulaient pendant la pandémie. Je sais que la crainte que je ressentais que je ne la verrais plus en personne après notre dernière visite a été partagée par bon nombre d’autres personnes. La pandémie nous a appris que les liens changent et évoluent, mais que notre désir de tisser des liens avec autrui fait partie de notre nature et est d’une importance capitale pour notre sens de soi. Nous trouvons un sens aux liens, et nous définissons notre identité en vertu de nos liens.
Alors que j’étends cette réflexion à ma vie professionnelle, je constate que la création de la NOIRN a été motivée par notre désir humain d’établir des liens avec autrui. Le fait de nous réunir en tant que système nous permet de garantir que nous ne perdons pas nos liens. À mes yeux, un « système » est un ensemble de choses qui fonctionnent ensemble en tant que pièces d’un mécanisme ou d’un réseau interrelié. Mon statut de membre de ce secteur pendant de nombreuses années m’a permis de constater la disparition progressive de nos liens. Nous avons mis fin à nos rapports et nous avons cessé de nous définir en fonction des éléments communs qui nous lient.
Une des raisons pour laquelle j’ai passé plusieurs mois à mener des consultations et des rencontres virtuelles est que j’avais besoin, sur le plan personnel et professionnel, de ressentir à nouveau ce lien. Je souhaitais exprimer avec sincérité que nous étions tous dans le même bateau et qu’en raison de notre volonté de travailler, de la passion que nous éprouvons à l’égard de ce secteur, et de l’expérience commune que nous avons vécue de la pandémie, nous sommes tous reliés les uns aux autres. Des changements pointent à l’horizon, mais le changement nous est bien connu. Nous franchirons cette nouvelle étape avec succès. D’où vient cette certitude? L’ambition que je nourris à l’égard de notre système est de rétablir nos liens pendant que nous réalisons ensemble l’évaluation des besoins et entreprenons la conception d’un nouveau modèle national de prestation de services. C’est en effectuant ce travail que nous définissons ce que nous faisons, et affirmons qui nous sommes dans notre rôle de dirigeants au service des chercheuses et chercheurs canadiens.
La prochaine fois qu’on vous demandera la façon dont nous sommes liés les uns aux autres, dites-leur avec confiance : « Nous constituons les mesures de soutien, l’infrastructure, et les services interreliés qui permettent aux chercheuses et aux chercheurs de concrétiser leurs idées et innovations ambitieuses pour l’humanité. » Nous sommes l’organisation d’infrastructure de recherche numérique du Canada et nous ferons du Canada un acteur de premier plan sur la scène mondiale de l’économie du savoir. Cette infrastructure est dirigée et exploitée par des personnes, et vous avez tous de l’importance à mes yeux. Qu’en dites-vous de ce lien?