Lors de ses réunions sur Zoom, Pekka Sinervo est assis devant une photo du détecteur ATLAS. C’est il y a deux ans que ce professeur de physique et chercheur en physique expérimentale des particules élémentaires à l’Université de Toronto a pris cette photo que l’on voit derrière lui, alors qu’il se trouvait au CERN, en Suisse, et travaillait avec l’ATLAS, le plus imposant détecteur de particules du Grand collisionneur de hadrons.
Le travail de M. Sinervo consiste à amener des particules à entrer en collision et, pour ce faire, il utilise le collisionneur.
« J’essaie de comprendre comment se comportent les particules — ces choses qui forment les protons et les neutrons et qui sont elles-mêmes composées de 300 autres choses que nous appelons "particules élémentaires", explique M. Sinervo au sujet de ses recherches. La plupart de ces particules, voire la totalité, se décomposent après une certaine période, laquelle est habituellement extrêmement courte – par exemple un billion d’un billionième de seconde. »
Pour cette raison, il doit collaborer avec d’autres personnes afin de créer de telles particules, puis mettre au point des dispositifs, comme le détecteur ATLAS au CERN, qu’il utilisera pour amener des particules de haute énergie à s’entrechoquer.
Son équipe de 30 personnes à l’Université de Toronto fait partie d’un plus vaste groupe canadien de 170 personnes qui sont membres de la collaboration ATLAS, laquelle rassemble plus de 180 établissements représentant 40 pays.
M. Sinervo est également un « chasseur de quark » et a joué un rôle déterminant dans l’équipe qui est à l’origine du tout dernier quark ayant été découvert — le quark « top » ou « vrai ». Les quarks sont des constituants fondamentaux de la matière et forment des particules composites, appelées hadrons. M. Sinervo est membre de l’Ordre du Canada et a participé à la découverte du boson de Higgs.
« Depuis que nous avons découvert le quark top, je me consacre à en mesurer les propriétés et à déterminer comment cette particule se désintègre, comment elle peut être produite et en quoi consiste sa masse », indique-t-il. Il s’agit de la particule la plus lourde connue à ce jour, et ses propriétés ont de nombreuses retombées. Le boson de Higgs, par exemple, interagit le plus fortement avec le quark top. »
Il va sans dire que M. Sinervo a énormément recours à l’informatique, et il contribue aux efforts de développement logiciel et de traitement à grande échelle. Il a participé activement à la mise sur pied de SciNet, un centre de supercalculateur situé à l’Université de Toronto. De nos jours, le système informatique qu’il utilise est 600 000 fois plus puissant que les systèmes qu’il a aidé à mettre au point il y a 30 ans.
« C'est un changement incroyable, dit-il. Nous avons travaillé d’arrache-pied sur ces ordinateurs pendant des années, mais ces machines sont maintenant archaïques. »
Mon plus grand défi : « Suivre le rythme des progrès technologiques. La technologie évolue rapidement, de sorte qu’il faut rester à l’affût des nouveautés pour arriver à anticiper l’avenir et être à l’avant-garde. Nous devons constamment réfléchir aux innovations qui pourraient transformer la façon de traiter les données. »
La réalité avec laquelle je dois composer : « J’ai dû accepter qu’il faut énormément d’efforts pour réaliser des projets tels que l’Alliance [et auparavant] Calcul Canada. Il s’agit d’un long processus qui exige beaucoup de travail pour établir une collaboration et définir une cause commune. »
Mon message aux gens : « Faites preuve d’ambition et restez en contact avec les personnes avec qui vous collaborez. »