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Séance de Q et R avec Brendan McGinty, directeur de l’Industrie, National Center for Supercomputing Applications (NCSA)

Nizar and Brendan

Le Canada et les États-Unis jouissent d’une relation spéciale depuis des années. Le caractère spécial de cette relation tient partiellement à leur frontière géographique commune et à leurs relations commerciales, mais surtout aux idéologies similaires de leurs populations et aux ambitions communes qu’ils nourrissent pour leurs citoyens et citoyennes. Brendan McGinty, directeur de l’Industrie, National Center for Supercomputing Applications (NCSA) — une des organisations de superinformatique les plus éminentes au monde — est une telle personne. 

J’ai eu le plaisir singulier de faire la connaissance de Brendan sur LinkedIn, et les liens que nous avons d’abord tissés par écrit se sont rapidement transformés en amitié précieuse. J’ai récemment consulté Brendan pour lui demander conseil sur l’avenir de la NOIRN et pour discuter des possibilités de collaboration entre nos organisations. 

Brendan, tu le sauras certainement, la NOIRN cherche à réunir les secteurs de la gestion des données de recherche, des logiciels de recherche et du calcul informatique de pointe pour la recherche. Quels conseils nous donnerais-tu pendant que nous commençons à établir notre organisation?

D’après mon expérience, Nizar, éliminer le cloisonnement pour permettre à ces groupes d’entamer une véritable collaboration est essentiel. Grâce en grande partie au déluge de données dont nous avons été témoins au cours des dernières années, les données à la disposition des chercheuses et des chercheurs ont explosé et, comme d’habitude, la puissance de calcul continue à devancer les logiciels au chapitre de l’exploitation de toutes ces données. Or, l’écart se réduit. Le logiciel permettant d’exploiter l’intelligence artificielle offre à lui seul un renseignement et des solutions plus complexes, pendant que la capacité à stocker et à gérer des données a essentiellement suivi le rythme de la collecte de données. Plus la gestion des données, les logiciels et le calcul informatique collaborent, plus les résultats sont favorables. 

L’Université d’Illinois et le NCSA jouissent d’un renom mondial sans pareil. Quel est votre secret?

Très bonne question. J’ai passé mon adolescence sur le campus. Au grand chagrin de ma mère, je m’esquivais du foyer pour y aller « jouer » avec les ordinateurs, PLATO à l’époque, et après avoir fait mon plein des jeux, je me suis lancé dans la programmation. PLATO était innovateur, car son inventeur, le Dr Donald Bitzer, favorisait un environnement axé sur la découverte, allant des premiers jeux éducatifs à l’initiation au piratage informatique. En fait, ce sont les bidouilleurs qui lui ont montré comment renforcer la sécurité du système. Depuis l’invention de la diode électroluminescente (DEL) par le Dr Nick Holonyak jusqu’à Mosaic, le premier navigateur graphique du Web inventé à NCSA, ainsi que toute une série d’autres inventions, l’Université d’Illinois a toujours fourni un environnement propice à la découverte, le favorisant même, et cela lui a permis de retirer les avantages de l’association de jeunes talents et d’universitaires de premier plan axés sur la technologie. Le secret? S’engager à tout essayer, même si certaines initiatives ne réussissent pas. 

La NOIRN reconnaît qu’elle doit nouer une relation avec l’industrie. Une de nos ambitions stratégiques consistera certainement à renforcer cette relation et la transformer en partenariat véritable. En tant que directeur de l’industrie, quels conseils nous donnerais-tu alors que nous entamons cette initiative?

De façon générale, l’industrie se préoccupe de son propre univers : la compétition, la part de marché, le revenu net, les résultats trimestriels, etc. D’après mon expérience, les organismes de recherche comme les universités ont tendance à être axés sur leur propre recherche et à présenter celle-ci aux entreprises dans l’espoir qu’une idée trouve écho pour pouvoir financer un laboratoire de recherche, des étudiantes ou étudiants, ou un équipement. Or, on obtient des résultats optimaux lorsque les chercheuses et les chercheurs consultent les entreprises et se soucient véritablement des besoins et des défis des entreprises. Les grandes universités ne manquent pas de solutions ou de talents et, en règle générale, leurs solutions sont abordables, qu’elles soient élaborées par les membres du corps professoral ou le corps étudiant. Parler moins de nos talents et de nos solutions de l’optique universitaire et écouter davantage, en harmonisant les besoins des sociétés avec les solutions axées sur la recherche, est une stratégie éprouvée présentant une plus grande probabilité de dialogue fructueux avec les entreprises. 

Un regard rétrospectif sur ton illustre carrière à ce jour révélera certainement, avec le recul, des initiatives dont tu es fier, et d’autres que tu aurais aimé faire autrement. Quelles sont quelques-unes de ces initiatives?

Il s’agit d’une question très réfléchie. Je suis fier d’aider à combler l’écart entre les solutions techniques complexes et la capacité à les décrire et à les mettre en œuvre par des moyens de large portée, mais percutants. Je suis fier aussi du fait que je crois que les choses sont possibles, alors que d’autres pensent le contraire. À titre d’exemple, je mentionne la privatisation réussie de PLATO et le transfert des technologies du système qui était déjà vieillissant lorsque nous l’avons cédé à une entreprise privée. Celle-ci a réussi à en faire un succès commercial et a aidé des jeunes à apprendre au moyen de la technologie. L’audace me plaît. Au chapitre des initiatives que je ferais maintenant autrement, j’ai conceptualisé d’autres innovations ou j’ai participé à leur réalisation, mais je n’ai pas toujours saisi l’occasion de réaliser un rêve. J’avais l’embarras du choix, vu que j’étais entouré d’esprits exceptionnels dans la vie, mais j’aurais tout de même voulu que chaque bonne idée réalise son plein potentiel. 

As-tu quelques réflexions finales pour nos collègues dans le domaine de la technologie de pointe?

Les entreprises gèrent d’énormes ensembles de données qui peuvent fournir d’excellents cas d’usage dans la recherche et le développement axé sur le calcul informatique de pointe. Effectivement, les entreprises nous rattrapent seulement maintenant sur le plan du calcul de haute performance; elles en ont toutes besoin en raison du déluge de données et de la croissance massive de leurs propres données. Notre expérience peut les aider à mieux comprendre ce qui est possible, les moyens d’innover et les moyens de maximiser les avantages des solutions issues d’un environnement de calcul de pointe complexe. En dernier ressort, cela améliore le rendement du capital investi pour les entreprises, favorise la compétition mondiale, et stimule l’économie — bref, tout le monde y gagne!