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Constance Crompton, docteure en communication et culture, Université d’Ottawa – Les sciences humaines numériques au service des gens

Point de mire sur le Conseil des chercheurs

Constance Crompton

Constance Crompton estime que les sciences humaines nous font progresser, car elles nous démontrent comment les sociétés évoluent au fil du temps et comment éviter de répéter les erreurs du passé. Elle est fermement résolue à ce que tout le monde ait accès aux recherches, peu importe le domaine, de l’histoire à la littérature, en passant par la sociologie et la psychologie.  

« La plupart des gens n’ont pas accès aux articles publiés dans les revues payantes, affirme Mme Crompton, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en humanités numériques et directrice du laboratoire de données en sciences humaines de l’Université d’Ottawa. Les gens sont privés de leurs droits, et nous ne prenons même pas le temps de comprendre pourquoi. Nous devons apprendre du passé – les historiennes et historiens peuvent nous y aider, et nous disposons des outils nécessaires pour démontrer que la situation s’est détériorée dans certaines parties du monde.  

Ainsi, Mme Crompton se réjouit de la façon dont les sciences humaines numériques peuvent contribuer à accroître l’accès à l’information. Elle participe d’ailleurs à plusieurs projets de recherche portant sur l’accessibilité du savoir en sciences humaines, dont le projet Linked Infrastructure for Networked Cultural Scholarship (LINCS) de l’Université de Guelph, qui vise à convertir « de vastes ensembles de données en ressources organisées et interconnectées ». Mme Crompton dirige un aspect du projet axé sur la conversion des ensembles de données. 

« Nous établissons des liens entre les données de différents ensembles pour soutenir les spécialistes des sciences humaines qui exécutent des tâches non techniques, explique-t-elle. Non seulement notre travail permet de gagner du temps, mais les projets connexes peuvent également profiter des interconnexions. Je pense notamment à un projet comprenant une courte référence à Margaret Atwood; grâce aux données LINCS, il sera possible de trouver d’autres données évaluées par les pairs sur cette auteure. » 

Un autre projet auquel contribue Mme Crompton, l’initiative Implementing New Knowledge Environments (INKE) de l’Université de Victoria, vise à créer un réseau de recherche qui favorise le libre accès aux sciences sociales ouvertes.  

« L’équipe d’INKE a participé au développement logiciel et vient tout juste de lancer le Humanities Social Science Commons, un ensemble d’outils qui aide à gérer les projets, mais qui sert aussi d’espace social et de dépôt de données, permettant ainsi aux gens de rompre avec les environnements de collaboration exclusifs, tout en facilitant le traitement des données conformément aux lois canadiennes. »  

Le troisième projet de Mme Crompton, Lesbian and Gay Liberation in Canada, qu’elle codirige avec une partenaire de recherche de l’Université métropolitaine de Toronto, rassemble 32 000 documents portant sur le mouvement de libération gay. La collection est aujourd’hui hébergée au collaboratoire de la bibliothèque de l’Université métropolitaine de Toronto, mais lors de son lancement, elle était gérée au moyen de deux machines de Calcul Canada. 

« Les machines de Calcul Canada et l’appui de cette organisation nous ont permis de mettre ce contenu à la disposition du public, indique Mme Crompton, tout en soulignant que Calcul Canada l’a épaulée dès le départ. Mon projet n’aurait jamais pu voir le jour sans Calcul Canada. Toute l’équipe s’est montrée très collaborative et à l’écoute des besoins de la recherche en sciences humaines. » 

Mon plus grand défi : « Le temps de disponibilité qu’exigent les logiciels en tant que service (SaaS). Les SaaS seront-ils une chose que nous pourrons offrir par l’intermédiaire de l’Alliance? Cela dit, bien que le développement logiciel m’intéresse, ce n’est pas le cas pour la plupart de mes collègues en sciences humaines. Je suis consciente que l’Alliance souhaite offrir ses services à l’ensemble des chercheuses et chercheurs, et les universitaires en sciences humaines ont besoin d’espaces facilitant leurs échanges et leur permettant de partager leurs recherches en ligne. » 

La réalité avec laquelle je dois composer : « Le fait que je ne suis pas immortelle et qu’une journée compte 24 heures. Avec les projets qui se multiplient, les demandes de subventions à rédiger et la formation d’étudiantes et étudiants, je ne peux pas accomplir autant de travail que je voudrais au laboratoire (p. ex., assurer le fonctionnement des machines virtuelles, appliquer des correctifs), même si c’est le genre de choses que j’adore faire. » 

Mon message aux gens : « Les sciences humaines nous montrent qu’il nous serait possible de changer notre façon de vivre. Nous avons des problèmes, et ceux-ci sont en partie attribuables au fait que nous ne comprenons pas le passé. Avec sa mission visant à offrir des services à toutes les disciplines au Canada, l’Alliance joue un rôle crucial pour ouvrir l’accès au savoir en sciences humaines contenu dans les revues payantes et ainsi permettre au public d’en tirer parti. »