Erin Dickie travaille généralement sur des ordinateurs, mais sa mission consiste à comprendre les liens entre la santé mentale et le cerveau.
« Que peut-on faire pour mieux traiter les cas de santé mentale, comprendre ce qui se passe réellement dans le cerveau, ce qui fonctionne, la signification de "résilience"? », demande Mme Dickie, professeure adjointe en psychiatrie à l’Université de Toronto, lorsqu’elle explique ce qu’elle fait.
Son travail actuel comme scientifique au Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) l’appelle à collaborer avec des pairs pour regrouper des données tirées de vastes études, en particulier celles touchant la neuroimagerie et les renseignements personnels. Elle est également responsable de la neuroimagerie au sein de la toute nouvelle cohorte du CAMH sur les jeunes et les adolescents de Toronto, une étude qui recrutera et suivra sur une période de cinq ans 3 000 jeunes souhaitant obtenir un traitement pour leur maladie mentale.
Mme Dickie collabore avec les cliniciennes et cliniciens; elle est la « mordue d’informatique » qui les aide à traiter leurs données dans le système. Elle gère les données, s’assure qu’elles sont de bonne qualité et bien organisées et s’emploie à trouver des façons de les publier et de les partager avec les autres chercheuses et chercheurs.
« J’essaie aussi de traiter un nombre toujours plus important de données, indique Mme Dickie. Nous avons réalisé qu’en sciences de la santé, plus les données sont nombreuses, plus les conclusions sont significatives; ainsi, nous avons besoin de ressources de calcul de plus en plus performantes pour normaliser le traitement de ces données. »
Lorsqu’elle procède à un scan cérébral, Mme Dickie examine les structures anatomiques du cerveau, l’épaisseur de la surface corticale et la taille de diverses structures. Elle se sert également de l’IRM fonctionnelle pour mesurer les interactions entre les différentes parties du cerveau.
« Nous faisons alors un autre scan pour comprendre l’anatomie de la substance blanche, dont le rôle est d’assurer la transmission des influx nerveux », explique Mme Dickie, tout en ajoutant qu’un scan post-traitement permettra ensuite de consigner la façon dont réagit la personne.
Mme Dickie a alors recours aux services de l’Alliance de recherche numérique du Canada pour traiter les données sur le cerveau et effectuer d’autres analyses.
« J’utilise les ressources de l’Alliance depuis que j’ai commencé à traiter un nombre croissant d’ensembles de données », affirme-t-elle.
Mon plus grand défi : « Trouver une façon de diffuser les données pour que les gens puissent y avoir accès pendant un laps de temps significatif. Je souhaite organiser un cours d’été pour les étudiant(e)s diplômée(e)s et postdoctoraux(-ales), et j’aimerais leur permettre de traiter des données réelles, mais je ne trouve aucun ensemble de données auquel je pourrais leur garantir un accès pendant une semaine. »
La réalité avec laquelle je dois composer : « Il est important de protéger de telles données. Il existe des exemples très clairs de laboratoires qui ont recueilli des données génétiques auprès de peuples autochtones et, plusieurs décennies plus tard, en ont analysé la variabilité ancestrale et génétique à l’insu des communautés. Lorsqu’une personne est si éloignée [de l’étude initiale] et ne dispose que d’un tas de chiffres, elle en vient à travailler en vase clos et ne reconnaît pas les préjudices qu’une telle approche peut causer. Je suis ravie que le CAMH progresse dans la bonne direction. Mes nouvelles recherches sont axées sur le respect de la diversité et le dialogue avec les personnes qui vivent avec une maladie mentale. »
Mon message aux gens : « L’avenir est prometteur. Les cultures institutionnelles changent et le partage de données sera bientôt une réalité au Canada. Ce type de science est beaucoup plus sensible aux questions de santé mentale et l’apprentissage computationnel est en progression. »